La musique c’est génial. Écouter de la musique c’est fabuleux. Et faire de la musique c’est encore mieux. Sauf que c’est dur, et long, et la contrainte de l’argent n’aide pas forcément. Pourtant, grâce à la technologie, il est désormais possible de faire de la musique depuis sa chambre, sans dépenser le moindre centime. Dans ce tutoriel, je vais donc vous montrer pas à pas les bases de la production musicale, pour permettre à quiconque le voudra de se jeter à l’eau.
Sommaire
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Introduction à la MAO
On va commencer par les bases : la MAO (Musique Assistée par Ordinateur) est un terme qui regroupe tout ce qui touche à la création de musique à l’aide d’outils informatiques.
C’est un domaine qui est devenu essentiel à la production musicale de nos jours et qui est également devenu très simple d’accès durant ces dernières décennies. En effet, là où la MAO n’apparaissait que dans des studios d’enregistrement professionnels, aujourd’hui n’importe qui peut se lancer. Voici le strict minimum dont vous aurez besoin :
• Un ordinateur : Vous allez avoir besoin d’un PC/Mac relativement puissant pour supporter le logiciel, qui est souvent assez impactant sur le processeur.
• Un casque ou enceintes : Pour un rendu sonore fidèle, un casque fermé ou des enceintes de monitoring sont recommandés. Sans ça, il sera très difficile, voire impossible, d’obtenir un résultat sonore satisfaisant, surtout au moment du mix dont on reparlera plus tard.
• Et enfin un logiciel : Le logiciel, appelé DAW, vous sera indispensable pour créer, enregistrer et même mixer. Il en existe un très grand nombre, donc vous devrez choisir le vôtre en fonction de vos préférences en terme de workflow (votre façon de travailler).
Qu’est-ce qu’un DAW ?
Un DAW (autrement appelé Digital Audio Workstation) est le logiciel qui vous permettra de globalement tout faire : enregistrer que ce soit de l’audio ou des événements informatiques en MIDI, éditer vos prises, mixer votre projet, le structurer, etc.
La plupart des DAWs sont pour le moins onéreux, mais il en existe tout de même des gratuits, qui sont parfaits pour débuter.
Si vous êtes sur Windows, je ne peux que recommander des DAWs comme Audacity (un éditeur audio très puissant, mais incompatible avec le MIDI qui permet de se servir d’instruments virtuels), Bandlab (très complet et simple d’utilisation tout en étant gratuit), ou Ableton Live Lite (la version gratuite et limitée d’un des DAW les plus répandus dans l’industrie, surtout électronique).
À gauche Audacity, à droite Garageband. On remarque que les deux interfaces sont très similaires.
Si en revanche vous êtes sur Mac, la question ne se pose même pas : vous disposez déjà d’un DAW nommé Garageband (à droite sur les captures d’écran ci-dessus), extrêmement versatile et regorgeant de fonctionnalités très avancées voir d’un niveau professionnel et qui est, à mon sens, la meilleure manière de commencer la MAO, car très intuitif et ergonomique.
Les DAW payants, comme Logic Pro, FL Studio, Ableton Live ou Pro Tools offrent des fonctionnalités généralement bien plus avancées pour les professionnels, mais il est possible et même recommandé de débuter sans.
En effet, même un logiciel gratuit demande déjà des semaines entières à maîtriser. Il est donc inutile de se plonger dans une interface encore plus intimidante, sans guide préalable.
Présentation de Logic Pro
Je vais à présent survoler l’interface d’un DAW (Logic Pro) afin de parler rapidement des fonctionnalités principales de ces derniers. J’ai choisi ce logiciel car c’est celui avec lequel je suis le plus familier, mais il faut savoir que la majorité des DAWs ont sensiblement les mêmes fonctionnalités, avec des interfaces qui tendent à se rapprocher.
Voici à quoi ressemble l’interface lorsque nous ouvrons une séance existante dans le logiciel. Ne vous inquiétez pas si cela peut paraître intimidant, je vais tout expliquer pas à pas.
• La majorité de l’espace est occupée par la timeline. C’est l’endroit où les régions d’instruments (souvent des mesures) vont apparaître et se jouer. On remarque à gauche les pistes des instruments et à droite la structure des régions.
• La première fenêtre que nous allons aborder est celle du Piano Roll. C’est l’éditeur MIDI qui va nous permettre d’utiliser des instruments virtuels, comme un piano par exemple. On peut y écrire des notes, les enregistrer et les éditer à volonté.
• Tout à gauche, il y a la bibliothèque native d’instruments virtuels. Elle est particulièrement fournie sur Logic Pro et Garageband, mais chaque DAW est unique et possède un grand nombre d’instruments natifs dès l’installation.
• À l’opposé de la fenêtre, à droite, on retrouve la bibliothèque de boucles audio et MIDI pré-enregistrées qui sont d’une grande utilité pour trouver des idées ou enrichir une composition existante.
• En bas peut également s’ouvrir le Mixer. Une grande fenêtre avec plein de boutons qui permettent de gérer les volumes, les panoramiques et effets de chaque piste, bus et master.
Chaque tranche correspond à une rangée d’instruments sur la timeline. On peut également accéder à ces tranches en cliquant sur une rangée.
• Enfin en haut on retrouve une barre d’outil, personnalisable et qui nous donne des informations sur le tempo du projet, sa tonalité, voir l’endroit où l’on se situe dans la timeline (la mesure exacte et le temps) ainsi que des contrôles.
Plugins
Les plugins sont de très loin les choses les plus utiles dans la MAO. Ce sont des applications qui s’ouvrent directement dans le logiciel et qui permettent d’y ajouter des fonctionnalités.
Les plugins ne sont pas indispensables, mais présentent des ressources très précieuses, que ce soit pour la composition ou pour le mix de votre projet.
Certains plugins sont gratuits et varient en qualité, allant de professionnels à inutiles, tandis que d’autres sont payants, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont sans défauts. Ils se séparent en deux catégories principales, les instruments virtuels et les effets.
Les instruments virtuels
Les instruments virtuels sont tout simplement des instruments comme un synthétiseur, une batterie, un violon, etc… qui s’utilisent grâce au protocole MIDI, virtuellement donc.
Bien sûr un instrument virtuel ne remplacera jamais un vrai musicien, ni l’instrument en lui-même, car même si la technologie évolue rapidement, la différence est toujours notable.
Voici par exemple le plugin LABS, qui est une banque d’instruments externes à Logic de très grande qualité.
Les effets
Les effets permettent d’ajuster le son et de le moduler à notre guise. Il en existe un très grand nombre, mais les plus communs sont :
• La Reverb qui est tout simplement un effet temporel similaire à lorsqu’on parle dans une grande pièce vide, où notre voix se réverbère sur les parois.
• Le Delay aussi un effet temporel, où le son se répète après un certain temps et de plus en plus faible. En français, c’est de ça dont on parle quand on dit un écho.
• La Distorsion, comme ce qui se retrouve pour une guitare électrique et qui est très utile pour changer le caractère du son. Il existe plein de distorsions différentes, comme le fuzz, l’overdrive, ou encore le treble booster (littéralement l’amplification des aigus).
• La Compression est un effet dynamique, qui réduit les écarts de dynamique (en gros il sert à adoucir les sons forts et amplifier les sons faibles, pour garder un certain équilibre et mieux intégrer des instruments dans le mix).
• L’Égalisateur (appelé EQ), est un filtre qui sert à modifier les plages de fréquence d’un signal audio (par exemple amplifier les fréquences graves ou atténuer les fréquences aiguës).
Chacun est un outil qui sert à régler un problème ou apporter une texture différente au son et permet donc une manière de se rapprocher du son voulu. Il en existe bien évidemment bien plus que cela, tous avec leur but.
En général, ces plugins viennent nativement avec votre DAW, mais il est toujours possible de faire appel à des logiciels externes, s’ils vous conviennent mieux.
Voici par exemple un effet (appelé l’imager) qui permet de modifier la stéréo d’un signal audio, pour le rendre plus ou moins large, ce qui n’est pas possible avec les plugins natifs de Logic Pro.
Composition
Alors avoir des outils c’est chouette, mais il manque toujours le plus important : ce qu’on en fait. Qu’ils soient virtuels ou enregistrés, les instruments et ce qu’ils jouent restent la pierre angulaire de votre projet. Je vais donc décrire le processus de composition et le décomposer en plusieurs étapes :
• La première chose à faire c’est définir une tonalité, un tempo pour le projet (sa rapidité, en Battement Par Minute ou BPM), ainsi que sa signature rythmique (par exemple mon projet est en 5/4, mais la plupart sont en 4/4). Vous n’êtes pas obligés de connaître toute la théorie derrière ces choix, mais il est important de savoir que ces choix auront un impact plus tard.
• Ensuite, vous allez avoir besoin de mélodies. C’est là où l’aspect technologique de la MAO devient particulièrement intéressant, car vous n’avez pas forcément besoin de savoir jouer d’un instrument pour écrire votre mélodie dans le Piano Roll en MIDI. Vous pouvez simplement y écrire la mélodie que vous avez en tête, puis tenter de trouver une contre-mélodie et de continuer d’agrémenter de petits détails.
• Une fois que vous pensez avoir fini vos mélodies, vous devrez penser à poser des accords dessous. C’est une étape très importante, mais qui peut s’avérer compliquée si vous êtes complètement novice en théorie musicale. Trouver la bonne formule nécessite souvent des expérimentations, il est donc nécessaire d’y passer du temps.
• C’est à ce moment-là que vous allez devoir vous concentrer sur votre ligne de basse et votre rythmique. Ce sont des sujets assez complexes et il est nécessaire de connaître un peu de théorie si vous souhaitez explorer différents genres musicaux. Cependant, vous pouvez vous contenter du minimum : une ligne de basse qui suit la fondamentale de l’accord et un pattern de grosses caisses/caisses claires très simple.
Mixage
Une fois la composition terminée (même s’il est toujours possible d’y revenir plus tard si une idée vous vient entre temps), vous allez devoir mixer. Le mixage, c’est l’art d’équilibrer. Faire en sorte que tout sonne bien et soit cohérent. Il y a plusieurs étapes pour un mix réussi, qui seront toutes indispensables pour aboutir à un résultat qui soit agréable à l’oreille.
• Premièrement, le Mix statique. Cela consiste simplement à ajuster les niveaux de volume et les panoramiques (si votre piste est dans l’oreille gauche/droite, ou au milieu) et d’essayer de s’approcher le plus possible du résultat final seulement en s’occupant de ces deux paramètres.
Dans ce mixer : En haut le contrôle du pan, en dessous un contrôle du volume.
• C’est après que vous appliquerez vos effets à vos pistes individuelles. C’est indispensable pour créer de l’espace dans votre morceau, ne serait-ce qu’avec un EQ pour se débarrasser de fréquences non voulues, ou qui rentrent en conflit avec d’autres instruments. Une fois que toutes vos pistes seront mixées, votre projet devrait commencer à bien sonner.
• Enfin, vous pourrez appliquer des effets sur la totalité du projet, avec tous les instruments en même temps. L’idée ici est d’apporter encore plus de cohérence, en essayant de « gluer » de manière légère les éléments les uns aux autres pour qu’ils soient plus unis. Cela peut se faire à l’aide de compression, de reverb et d’un léger EQ sur cette même tranche.
À noter que la différence n’a pas à être flagrante : le but est d’être subtil afin de ne pas déséquilibrer le tout. C’est cette touche finale qui devrait permettre à votre projet de se rapprocher d’un résultat final.
Voici un exemple d’une chaîne d’effets sur un projet :
• D’abord, on a un EQ, qui vient légèrement accentuer les fréquences aiguës (le treble) et baisser les fréquences du milieu (les mids). Les basses étaient bien donc je ne les ai pas touchées.
• Ensuite, une reverb (Raum) très fine juste pour que les éléments soient moins « séparés » et une compression pour qu’il n’y ait pas trop de variations dans les dynamiques. À la suite de laquelle je remets un imager pour plus de largeur.
• Derrière, ce sont des plugins pour contrôler le volume (comme un limiteur) et je finis la chaîne avec un plugin de mastering et une légère distorsion pour caractériser le son un peu plus.
Structure
Une fois tout cela terminé, il ne vous reste plus qu’à construire la structure de votre morceau, mesure après mesure. Faites une introduction, des couplets, refrains, ponts, interludes, solos et des outros.
Amusez-vous avec les transitions et n’oubliez pas de laisser parler votre créativité : Si vous souhaitez changer de signature rythmique juste sur les couplets, c’est totalement possible. Si vous voulez laisser un grand blanc d’exactement 42 secondes en plein milieu du morceau, rien ne vous en empêche.
Voici un exemple d’à quoi pourrait ressembler la structure de votre morceau
(Intro/Couplet/Refrain/Couplet/Pont/Refrain/Outro)
À noter que ce processus créatif peut différer de personnes en personne. Je préfère construire la base de mon projet au début et construire la structure à la toute fin (quitte à rajouter des parties au dernier moment si je les estime nécessaires à la progression du morceau), tandis que d’autres préféreraient créer la structure en premier afin d’avoir une vision globale du projet et de composer par dessus.
La fin
Une fois que vous êtes satisfait de votre résultat final, il ne vous reste plus qu’à l’exporter, après ce qui s’appelle un bounce. Le format mp3 est très bien pour des fichiers de petite taille, mais vous perdrez un peu en qualité audio (étant compressé avec pertes), par rapport à un format comme wav, qui est bien plus adapté, mais aussi bien plus lourd.
La fenêtre de bounce dans Logic Pro. Il y a beaucoup de paramètres possibles, mais vous pouvez simplement laisser ceux par défaut.
Enfin, la MAO est un sujet très dense et complexe. Il est normal de s’y perdre et de ne pas tout savoir, c’est quelque chose qui s’apprend dans le temps, un peu comme un instrument de musique.
Mais j’espère que ce petit guide vous aura aidé à y voir plus clair et, à défaut de vous avoir convaincu de tenter, au minimum renseigné sur la façon dont sont produits l’écrasante majorité des morceaux de nos jours. Merci de votre lecture !
Étudiant en spécialité NSI en classe de 1ère en 2024.
I embrace my desire to feel the rhythm, swing on the spiral ໑